Vivre
Vivre pour toi. Pour nous. Vivre malgré tout. Vivre malgré soi-même.
Pour nos enfants que nous avons le devoir d’accompagner. Toujours. Jusqu’au bout. C’est un pacte… tu le sais, tu le sens. C’est animal. Ça nous a pris aux tripes à leur naissance, et toi et moi savons désormais que ça prend aux tripes même après leur mort.
Qu’il est douloureux ce pacte pourtant accueilli comme si léger, si magique. Ce pacte d’amour parental indéfectible. « Je t’aime par-dessus tout. Jusqu’aux étoiles et à la lune, et je reviens. » Je reviens près de toi mon enfant parce que ce pacte nous lie. Nous lie dans l’amour et dans la douleur. Alors, je reviens. Je reviendrai. Quoiqu’il arrive, je suis là. Quoiqu’il arrive. Je. suis. Là.
Pacte léger et magique. Pacte brutal et laborieux. Est-ce seulement humain ? Non. C’est diabolique. Mais ça a peut-être le mérite de nous garder en vie.
« Je n’ai pas le choix » m’as-tu souvent dit en pleurant. La tête hors de l’eau. Tu plonges, je reprends mon souffle.
« Je n’ai pas le choix !» t’ai-je hurlé alors de colère ! Je plonge, tu tires ma main.
Le pacte est là. Et il n’est pas une option.
Et pourtant, il est des choix. Tendre vers l’amour, tourner son visage vers le soleil, regarder la vie en face, sauvage comme elle est, tenir debout, saisir une main tendue, en lâcher un autre malgré la violence, oser sombrer et remonter… tous ces actes sont des choix. Pénibles et laborieux choix qui mènent à la lumière.
Couchers sur le papier les mots sont simples. Limpides.
Nous aimons. Nous perdons. Nous souffrons. Nous combattons. Nous vivons.
Et mourrons tous.